De la solidarité, de la volonté, de la combativité et un peu de chance En une semaine et en traversant la France, avec une longue halte du côté d'Annecy, les Canaris n'ont pas retrouvé un football en phase avec ce que les supporters lucides attendent, il ne faut pas rêver. Du moins les fantômes de Caen ont montré à Grenoble une solidarité, un esprit de corps, une combativité et une aptitude à défendre, à peu près tous ensemble, qui leur ont permis de se tirer d'affaire. Un poil de réussite s'y est ajoutée, quand l'arbitre a eu la bonté de refuser aux dauphinois un but apparemment valable, ou lorsque Wimbée a maladroitement imité le Valenciennois Penneteau il y a quinze jours, et l'affaire a été entendue. Cette équipe-là nous a, en somme, rappelé par son faible jeu et sa forte volonté de s'en sortir celles qu'alignait Michel Der Zakarian. Elie Baup partage d'assez près les conceptions footballistiques de son prédécesseur mais il parle mieux. Cela ne l'empêche pas, parfois, de s'égarer, ainsi lorsqu'il a déclaré doctement, une fois la victoire en poche : « les équipes qui ont des points ne sont pas celles qui jouent ou s'exposent le plus. » Euh...On a bien peur qu'à la fin d'un championnat, et on s'en réjouit, ce soit les équipes qui pratiquent le meilleur jeu qui se retrouvent devant. Et que les formations qui occupent les bas-fonds soient celles qui produisent et s'expriment le moins. Sauf si elles disposent d'individualités exceptionnelles, capables de masquer en partie leurs lacunes collectives, ce qui ne semble pas être vraiment le cas du FC Nantes actuel. Les problèmes demeurent : absence de jeu et philosophie qui va à l'encontre des valeurs du club On aura tout le temps d'en reparler, la fin du championnat est encore loin, il faudra 41 points pour se sauver et les Canaris pour l'instant en comptent 7, dont 6 acquis durant les trois derniers matches. Pour l'heure ils ne sont plus rélégables et c'est déjà ça. On tient peut-être là d'ailleurs l'un des enseignements majeurs à tirer de la rencontre de Grenoble : en jouant de cette manière, aussi hermétiquement, il semble possible de se maintenir en Ligue 1 ! Eureka ! Après tout, Toulouse en avait administré la médiocre preuve la saison dernière. Et au diable dira Baup, ceux qui feront remarquer que le club de la cité des Violettes pète le feu depuis qu'il a poussé sur la touche son précédent entraîneur, sans avoir pour autant recruter de « grands » joueurs, il a même laissé partir le virtuose Elmander et le déménageur Emana. Laissons Toulouse à ses problèmes et revenons à ceux de Nantes, autrement plus préoccupants. La victoire à Grenoble ne les a évidemment pas résolus. Ces problèmes tiennent en effet, on ne le sait que trop, à une absence et une erreur de casting. L'absence c'est celle du jeu. La faute de casting, c'est la direction actuelle qui s'enfonce de plus en plus dans un flou de moins en moins artistique. Waldemar Kita et son staff ont essayé la semaine dernière de coller quelques rustines, en casant vaille que vaille Mark Heinz qu'ils avaient pourtant présenté comme un grand joueur, en organisant une conférence de presse un peu loufoque et en mettant les joueurs au vert. Mais il en faudrait davantage pour ranimer la flamme. C'est un changement de philosophie et un retour aux valeurs qui ont fait la grandeur et l'originalité du club qui leur sont demandées et on a bien peur que la mission s'avère au-dessus de leurs forces. Leurs réponses : un peu de commerce (un transfert) et un ragoût indigeste que certains entraîneurs considèrent comme du football ne sont pas de nature à nous satisfaire. Les boulons avaient été resserrés Les Canaris, cela dit, n'ont pas spécialement volé leur succès à Grenoble, n'en déplaise au local Laurent Battles qui estime qu'ils n'ont rien produit. Au moins ont-ils fait de la résistance, durant toute une première période que les Dauphinois dominèrent sans être capables de trouver une faille. La défense nantaise avait resserré les boulons à l'image de Gravgaard et de Pierre qui avaient été replacés en défense centrale. Leur association a paru plus sûre que celle entre Gravgaard et N'Daw qui avait été de mise durant les rencontres précédentes. Jean-Jacques Pierre, quand il évolue dans une équipe dominée où l'essentiel consiste à se battre et à éloigner le danger le plus loin possible, sans trop se soucier de précision, se montre souvent à son affaire. Ce duo de défense centrale était soutenu par N'Daw et aussi par Faty et Da Rocha auxquels incombait un gros travail de récupération, voire de relance du jeu si l'occasion se présentait. Il n'y en eut pas beaucoup, ou alors de façon très approximative, durant les premières 45 minutes, davantage ensuite, surtout après l'heure de jeu quand les lignes adverses commencèrent à s'étirer. L'attaque était axée autour de Klasnic, qui manque évidemment de forme physique. Bagayoko occupait le côté gauche alors que Bekamenga se chargeait du flanc droit, à charge pour lui de revenir chercher les ballons très bas. On ne manquera pas de relever la présence au poste d'arrière droit de Guillaume Moullec, lequel il y a quinze jours avait été invité par Larièpe et Kita à passer dans leur bureau pour s'entendre dire qu'il pouvait chercher un autre club. C'est ce qui s'appelle se conduire de façon cohérente ! Sauvetage de Gravgaard Il s'agissait, vous l'avez compris, davantage de boucher les espaces que de faire du jeu et Nantes parvint à ses fins. C'est en tout cas sans dommage qu'il atteignit la pause, les coups francs qu'il avait concédés n'ayant eu aucune conséquence (Alonzo avait notamment repoussé la tentative de Robin, 19è). Quelques minutes auparavant, une reprise de la tête de Da Rocha, à la réception d'un centre parfait de Bagayoko, avait flirté avec la transversale de Wimbée. Juste avant le repos, Klasnic hérita même d'un ballon de but sur un service de Bagayoko mais il le laissa filer entre ses jambes (43è). L'entame du second acte fut laborieuse et en refusant (pour hors-jeu) un but sans doute valable à Akrour à la 48è minute l'arbitre donna un petit coup de pouce aux Nantais. Gravgaard fit encore mieux en effectuant un sauvetage in extremis devant Courtois qui s'était enfui dans le dos de Moullec mais avait trop poussé son ballon (63è). Et puis, progressivement, insensiblement, le jeu s'équilibra. But de Bekamenga Grenoble s'essoufflait, Bazdarevic avait fait sortir Feghouli, et Maréval, auteur d'ailleurs d'un match plutôt solide, n'avait pas envie de s'en plaindre. N'Daw donna à Bagayoko un ballon que celui-ci transmit de façon imprécise à Klasnic (70è). Avec une meilleure coordination, cette action aurait pu se révéler dangereuse pour les Dauphinois qui ne perçurent pas qu'il s'agissait en fait d'un avertissement sans frais. Quelques instants plus tard en effet, à la 77è minute, Maréval gagna un ballon qui l'amena à tenter sa chance de loin. Wimbée ne parvint pas à contrôler le projectile, lequel parvint à Bekamenga, côté opposé. Le Camerounais se joua de Robin, changea de pied et décocha un shoot croisé qui eut raison de Wimbée. C'était chanceux dans la construction mais brillant dans la conclusion et Nantes, dès lors, n'eut plus comme unique souci que préserver ce butin. Il y parvint sans trop de mal, sans en tout cas qu'Alonzo soit vraiment mis sur le gril. B.V., le 5 octobre 2008
Feuille de match :
Grenoble / Nantes : 0-1 (0-0) Arbitre : M. Hamer Spectateurs : 18 355 But : Bekamenga (77’) Avertissements : Klasniv (26’), Dja Djedje (56’). Grenoble : Wimbée (cap) - Robin, Flachez, Vitakic, Mainfroi – Romao (Banning, 82’), Battles, Feghouli (Moreira, 73’), El Moubarki (Courtois, 61’)– Dja Djedje, Akrour. Entr. : M. Bazdarevic. Sur le banc : Le Crom (g), Regragui, Dimitrijevic, Kamissoko Nantes : Alonzo – Moullec, Gravgaard, Pierre, Mareval - N’Daw, Faty, Da Rocha (cap) – Bekamenga (Vainqueur, 87’), Klasnic (Djordjevic, 82’), Bagayoko.Entr. : E. Baup. Sur le banc : Heurtebis (g), Poulard, De Freitas, Dossevi, Keserü.
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