Mal classés mais pas par hasard. Nantes, 16è, et Sochaux, 18è, ne sont pas mal classés par hasard, c'est assurément la première conclusion que l'on peut tirer à la lumière, ou plutôt à l'obscurité, de leur confrontation qui a mis un terme à la première moitié du championnat. Le match a été d'une grande pauvreté technique et le spectacle a souvent frôlé le néant. Tous deux restent concernés par la bataille pour éviter la relégation, Sochaux encore plus que Nantes qui est parvenu à éviter le pire, grâce à un but en toute fin de match de « Dynamic » Capoue. Les Canaris conservent ainsi leurs distances avec la zone rouge, Elie Baup a même assuré, sans rire, qu'ils restent sur une bonne dynamique : deux victoires et deux nuls en quatre matches. Un jeu qui n'autorise aucune véritable ambition Mais Nantes a pu se rendre compte aussi, c'est d'ailleurs tout sauf une surprise, des limites de son style de jeu : lorsqu'il se trouve invité à prendre des initiatives et non pas uniquement à défendre et à contrer, il se montre bigrement emprunté. Le football à la sauce Baup présente de solides garanties défensives, il permet d'obtenir de temps en temps, aux forceps, quelques résultats qui paraissent probants mais il relève d'une philosophie ultra-conformiste et il s'inscrit à l'encontre du jeu à la nantaise, symbole d'imagination et d'intelligence. Il n'a pas grand chose à faire à la Beaujoire, il n'autorise aucune véritable ambition, sinon, peut-être, celle d'échapper à la descente. Mais si on en est là, ce n'est pas uniquement, on le sait bien, de la faute de l'entraîneur qui doit évidemment composer son équipe avec les joueurs mis à sa disposition. Cela dit, on remarquera que c'est la première fois que Nantes ne bat pas une équipe classée derrière lui. Jusqu'à présent il avait remporté tous ses matches « à six points » face à Saint-Etienne, Valenciennes et Le Havre, c'est d'ailleurs ce qui lui vaut de posséder un matelas de sécurité par rapport aux tout derniers. Nouvelles têtes ? Départs ? Il n'y a rien, dans tout ce qui précède, qui relève d'une découverte. Reste à savoir maintenant, alors que les joueurs sont partis en vacances, combien de nouvelles têtes les dirigeants comptent faire venir au cours du mois de janvier. Elie Baup assure qu'il ne voudrait pas voir s'empiler trop de recrues, il voudrait essentiellement des renforts, un seul même lui suffirait en attaque. Mais est-il vraiment écouté par les commerçants qui s'affairent à la tête du club ? Les restrictions budgétaires pèseront sans soute davantage que son avis et à ce propos on s'interroge aussi sur le nombre de joueurs que Kita va parvenir, sinon à vendre du moins à céder. Pas beaucoup sans doute car même si on nous dit parfois que Klasnic pourrait s'en aller, il subsiste un gros point d'interrogation : pour où ? Qui voudra payer son salaire ? Qui pensera qu'il peut marquer beaucoup de buts ? On a souvent remarqué qu'il n'est pas utilisé dans de bonnes conditions, qu'il est trop privé de soutien, mais il faut bien reconnaître aussi qu'il se situe visiblement loin de sa meilleure forme. Son but de raccroc et son penalty contre Lyon avaient rapporté trois points et c'était bien, il fallait cependant être aveugle ou ultra chauvin (tiens, c'est un pléonasme ?) pour croire qu'il allait, à partir de là, faire frissonner les filets à chaque match. Le beau loupé de Klasnic Klasnic a de bonnes perceptions du jeu mais il manque de mobilité et son raté sur un centre de Capoue ne plaide pas en sa faveur. Le match en était alors à la 18è minute, l'ancien Romorantinais était parti à toute vapeur sur l'aile gauche, il prit le temps de regarder plusieurs fois derrière lui et il adressa un amour de centre en retrait à destination du Serbe. Oserons-nous écrire que c'était drôlement bien joué ? Ce fut en tout cas la meilleure action de la première période. L'ennui est que Klasnic s'emmêla les pinceaux. Si on était méchant, on dirait que c'est sur ce coup là qu'il se blessa. En fait, il avait été touché un peu plus tôt, lors d'une intervention d'Afolabi (4è), et il finit par quitter la pelouse à la 28è minute, laissant sa place à Djordjevic. Alonzo n'a rien eu à faire Le schéma de jeu de Nantes n'en resta pas moins identique, Baup en restant à un 4-2-3-1, laissant une certaine liberté à De Freitas, chargé d'appuyer l'attaquant de pointe, alors que Bagayoko et Capoue avaient hérité des côtés et que Da Rocha et N'Daw s'activaient à la récupération. Le second faisait apprécier son abattage, en revanche ses passes étaient d'une imprécision désespérante et, debout devant son banc, Francis Gillot ne regrettait pas forcément de l'avoir laissé partir. Même si dans un rôle comparable, Pitau montrait de son côté une redoutable « adresse » pour les passes dans le dos de son destinataire. Sochaux, pour dire vrai, se montra durant toute la première période encore plus mauvais que Nantes, même si ses attaques sur la gauche mettaient Moullec au supplice mais elles se terminaient par des centres qui ne trouvaient pas de réceptionnaire. D'ailleurs Alonzo n'eut aucune intervention à effectuer durant tout le premier acte, la seule action notable des Francs-Comtois étant une reprise de la tête de Privat qui passa largement à côté du cadre (43è). Les latéraux à la peine Richert avait tout de même été davantage sollicité, notamment par Capoue qu'on nous a vraiment changé, en bien, depuis un mois. Da Rocha avait également tenté sa chance de 25 mètres, contraignant le gardien franc-comtois à une belle envolée (30è) alors que Djordjevic avait décoché un shoot trop mou à la suite d'une percée de Bagayoko sur la droite (36è). Le jeu, d'un côté comme de l'autre, était cependant d'une aride sécheresse et le passage des acteurs aux vestiaires ne donna pas l'occasion d'une notable évolution. Au contraire : plus le temps passait davantage Nantes paraissait en effet emprunté et imprécis à l'image de Maréval, pour qui ce n'est pas tous les soirs Marseille. Les défenseurs latéraux ont vraiment beaucoup peiné samedi soir. Erding est seul, il marque Les Sochaliens se montrèrent dangereux une première fois à la suite d'un coup franc qui permit à Privat de se présenter face à Alonzo dont le manque de réactivité aurait pu coûté cher (54è). Leur but arriva à la 70è minute et il jeta la stupéfaction dans un stade, une nouvelle fois assez dégarni (23.416 spectateurs). Sur un centre de Jokic, Erding se retrouva étrangement seul face à la cage, et comme personne ne l'attaquait, que Maréval, Poulard et Alonzo demeuraient spectateurs, il prit tout son temps pour ajuster ce dernier. Les défenseurs nantais expliquèrent ensuite qu'ils avaient entendu retentir un coup de sifflet qu'on entendit aussi du côté de la tribune Loire. Mais ce n'était pas Olivier Thual qui l'avait donné et l'arbitre valida le but sans aucun problème. Joli but de Capoue Nantes avait la tête dans le sac et on ne voyait pas très bien comment il allait l'en ressortir. Sur corner peut-être puisque la densité physique des Canaris était supérieure à celle des Francs-Comtois ? Sur un rush de Bekamenga qui avait remplacé De Freitas (72è) ? Eh bien non : l'égalisation fut bel et bien obtenue sur un très beau but. Békamanga, lancé par Abdoun, partit sur la gauche. Il leva cette fois la tête et il centra pour Capoue dont la reprise en semi-volée s'avéra imparable. Le ballon alla se ficher dans les filets, on atteignait la 86è minute. Ouf ! « C'est quasiment un but venu d'ailleurs , commenta ensuite Francis Gillot. Capoue peut tenter dix reprises comme celle-ci, il en mettra neuf à côté. Malheureusement la dixième a été pour nous... » Il est gentil Gillot, mais on se demande s'il connaît bien notre Aurélien...
B.V., le 21 décembre 2008
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