Impuissance à faire le jeu Vous avez dit logique ? Implacablement logique ? Tristement logique ? Eh bien oui ! Nous l'avons déjà dit et répété : son manque d'ambition dans le jeu, ses tactiques prudentes et calculées, sa propension à recourir à la manière physique, pour ne pas dire forte, condamnent le FC Nantes à de cruelles désillusions à domicile, quand il lui faut faire le jeu, exercice qui n'entre guère ni dans ses cordes ni dans sa nouvelle philosophie. Le match face à Caen en a fourni une nouvelle illustration, elle aurait d'ailleurs pu être plus cinglante encore tant la partie fut mal engagée. Dès la 3è minute, les Normands menaient en effet 1-0, grâce à Deroin qui s'était enfoncé dans la défense des Canaris comme la lame d'un couteau brûlant dan le beurre tendre et avait trompé N'Dy Assembe d'un tir croisé à ras-de-terre, décoché pratiquement à bout portant. Caen a marqué d'entrée Le suppléant d'Alonzo n'y pouvait rien, il avait pourtant espéré de meilleurs débuts pour son premier match de titulaire en Ligue 1. Mais l'entame de partie de ses coéquipiers frôlait la catastrophe, celle de Jean-Jacques Pierre notamment qui venait déjà de s'offrir un magistral premier loupé. Sa responsabilité sur le but était engagée, de même que celle de Da Rocha. Das Neves méritait également des reproches puisque c'était lui qui avait amorcé l'action en effectuant une remise en touche directement sur un adversaire du fait d'une mésentente avec Abdoun. La défense nantaise continua à hoqueter pendant un bon moment tandis que les mouvements offensifs des canaris se résumaient à expédier de longs ballons à destination de Capoue qui fonçait plein gaz sur son aile gauche et centrait en direction de Bekamenga. C'était assez simpliste. Le Camerounais occupait les avant-postes, Klasnic évoluant en retrait, il s'est d'ailleurs montré plus à l'aise dans ce registre qu'isolé à la pointe de l'attaque, dans l'attente d'hypothétiques bombardes. Il est adroit techniquement, il voit le jeu et sa lenteur devient un défaut moins rédhibitoire quand il évolue loin du but. En somme, Baup en était resté à un 4-5-1, offrant plus de liberté au Croate alors que Capoue et Abdoun occupaient les côtés (l'ancien Sedanais ayant exagérément tendance à se recentrer) et que Da Rocha et Vainqueur s'activaient à la récupération, en se montrant souvent les plus aptes à produire du jeu, c'est à dire à ne pas se contenter de balancer loin en avant. Bekamenga égalise Une action Klasnic-Capoue suivie d'un centre de ce dernier permit à Bekamenga d'égaliser mais l'arbitre refusa le but en prétextant une faute préalable du Camerounais (15è). Cette péripétie eut le mérite d'amorcer la réaction des Canaris et Da Rocha aurait pu hériter d'un penalty pour une intervention litigieuse d'un défenseur caennais (19è) alors que Bekamenga (shoot contré) et Abdoun (également contré) se retrouvèrent tour à tour en position favorable (25è). Bekamenga affichait des lacunes techniques mais il avait le mérite d'apporter du punch sur le front de l'attaque, de bouger et de troubler l'arrière garde normande et c'est lui qui finit par obtenir l'égalisation, juste avant la pause (43è). Sur un coup franc botté de la gauche par Da Rocha, il contrôla et reprit victorieusement en se retournant. C'était encore un but à la suite d'un coup de pied arrêté mais cette remise à niveau était somme toute assez méritée. Nantes, pourtant, avait frôlé la catastrophe quelques instants plus tôt lorsque sur un coup franc (sanctionnant une faute d'Abdoun), Proment avait expédié le ballon sur le poteau opposé (34è). A 2-0, le scénario eut risqué de s'écrire très différemment. Djordjevic rate l'occasion La seconde période fut très chiche en occasions de but. Les Normands s'en créèrent essentiellement une à la 54è minute lorsque, sur un centre de la gauche, Seubé, de la tête, expédia le ballon à quelques centimètres de la cage de N'Dy Assembe. Il fallut attendre la toute fin de match pour qu'ils se montrent de nouveau dangereux par Toudic qui venait de remplacer Savidan, lequel avait joué à la perfection le rôle de « l'avant-centre invisible ». Les Canaris eurent pour leur part trois opportunités plus ou moins nettes. La première à la suite d'un mouvement Klasnic-Bekamenga qui vit la tentative du Camerounais passer au-dessus de la transversale (70è). A cet instant, Elie Baup s'apprêtait à faire entrer Djordjevic, cette combinaison entre ses deux attaquants le poussa à retarder le changement de quelques minutes. C'est Klasnic qui fut invité à quitter la pelouse 74è), si le couperet était tombé sur Abdoun, nul ne s'en serait offusqué. La deuxième occasion nantaise fut à inscrire à l'actif de Guillon qui testa sa force de frappe, suite à un coup franc de Da Rocha. Planté se détendit et stoppa le ballon (75è). Enfin, à la 83è minute, Djordjevic se retrouva seul face au gardien caennais, le ballon du match au bout des crampons. Il l'expédia à côté. Un tract pour défendre la formation, de nombreux sièges vides Voilà, ce fut à peu près tout ce qu'on peut retenir d'une rencontre à peine moyenne, à l'image de ce qu'on voit souvent, non seulement à Nantes, mais, il faut le reconnaître, sur beaucoup de stades de Ligue 1. La médiocrité du spectacle reste cependant plus perceptible à la Beaujoire qu'ailleurs car cette enceinte fut longtemps le temple du beau jeu. C'est fini depuis déjà un certain temps, direz-vous. Certes mais il faut croire que nous ne sommes pas les seuls à le regretter puisque la cassure entre l'équipe dirigeante et les spectateurs reste latente. Un tract a circulé aux abords du stade, il dénonçait « le lâche et ultime coup de masse contre la Maison Jaune ». C'est évident qu'il vaudrait mieux laisser la formation sous l'égide de ceux qui s'en occupent actuellement plutôt que la placer sous la coupe des experts qui ont recruté Graavgard, Douglao, Heinze, Babovic, Klasnic et quelques autres. La compétence est une denrée rare en football. Mais le désamour était encore plus visible à l'intérieur du stade : que de sièges vides ! Il y avait moins de 22.000 spectateurs. C'est un stade plus grand ou plus petit que Kita demandait l'autre jour, excusez-nous on a dû mal comprendre....
B.V., le 22 février 2009
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