Par NumberSix (*), le 21 octobre 2006

AS Nancy Lorraine / FC Nantes, le 29 avril 2000
32ème journée championnat 99/00

Le FCNA entame le championnat 1999/00 avec un groupe qui n'a pas subi de changements notables hormis le départ symbolique d'Eric Decroix, le dernier rescapé du titre de 95 pour Marseille. Raynald continue son méticuleux travail de reconstruction avec une équipe très jeune mais qui montre de bonnes dispositions.

Un bon début de saison
Après un début de compétition réussi, deux victoires en deux rencontres et une place de leader ex aequo avec le PSG, Nantes se maintient aux avant-postes jusqu'à la septième journée. Personne alors ne se doute que le club va vivre la saison la plus incertaine de son existence. De la 8ème à la 13ème journée, les Canaris vont enchaîner une désastreuse série de six défaites qui les plonge dans le fin fond du classement, 17ème et avant derniers devant l'ESTAC au bénéfice d'une meilleure différence de buts. Si les Nantais se sont effondrés à domicile face au PSG (0-4) ou Monaco (0-3), ils n'ont dans l'ensemble pas démérité. L'équipe produit du jeu par séquences mais est trop inconstante. Elle est souvent victime de baisse de concentration qu'elle paye cash, encaissant des buts en fin de rencontre (4 fois pendant les cinq dernières minutes durant cette période) ou juste après avoir marqué (Metz, Strasbourg).

... puis la chute
A la mi-championnat si le FCNA est remonté à la douzième place, Strasbourg seizième, premier relégable n'est qu'à un point et Nancy dix-septième à trois. Dans cette édition très compacte plus de la moitié des équipes sont sous la menace d'une relégation en L2. Le FCNA alterne les bonnes performances, (nuls à Marseille, Paris, Auxerre, victoire à Lens), parfois même de grands matchs (victoires 3-0 face à Rennes, Montpellier, Troyes et un fabuleux 6-1 face à Lyon) avec des contre performances surprenantes. A l'approche de la fin du championnat, les Canaris ne sont pas parvenus à prendre leurs distances avec la zone rouge et la tension devient de plus en plus sensible. La 32ème journée qui se profile sans être décisive risque d'être lourde de conséquences. Le FCNA doit se rendre à Nancy, première équipe relégable qui ne compte que deux points de retard.

Le match de la peur
Pour ce périlleux déplacement les Jaunes doivent faire sans leur capitaine Mickaël Landreau remplacé par Willy Grondin. En face les Nancéens comptent beaucoup sur l'inusable Tony Cascarino auteur d'une formidable saison. Dans un stade Marcel Picot chauffé à blanc, la rencontre est conforme à ce que l'on pouvait prévoir, très engagée, mais les protégés de Denoueix répondent présents. A quelques minutes de la mi-temps Cascarino marque son treizième but de la saison et donne l'avantage à Nancy.

Une fin de rencontre abracadabrantesque !
De retour des vestiaires, menés 1-0, les Nantais sont dos au mur dans une rencontre de plus en plus ponctuée par des fautes que M.Fraise sanctionne à sens unique. Les Jaunes prennent peu à peu l'emprise sur la rencontre mais ils ne trouvent pas l'ouverture. Il faut attendre la 87' pour qu'Eric Carrière offre enfin une égalisation méritée à Nantes. Loin de se satisfaire de ce résultat le FCNA continue de pousser et mène une contre-attaque dangereuse lorsque M.Fraise interrompt la partie. A cinquante mètres du ballon, hors de toute action de jeu Stéphane Lièvre et Chiba règlent leurs comptes sur le côté de la surface de réparation nantaise. Lièvre a répondu du pied à un coup de poing du Nancéen. La décision de M.Fraise est ubuesque, il expulse le défenseur nantais et siffle penalty. C'est une première dans le monde du ballon rond. Si le règlement permet en effet de siffler un penalty sur cette "non-action" de jeu, dans l'esprit (mais M.Fraise en avait-il ce soir là ?) rien ne justifie cette sanction aux conséquences si lourdes. L'agresseur pour sa part est absout. Fabbri au passage hérite également d'un jaune pour avoir certainement exprimé une vérité déplaisante. Rambo ne se pose pas de questions et transforme le penalty donnant ainsi une victoire aussi rocambolesque qu'imméritée à Nancy. A deux rencontres de la fin de saison le FCNA 16ème un point derrière Nancy 15ème est relégable.

Denoueix ne bronchera presque pas et c'est tant mieux
Depuis ce match, après une saison encore en Ligue 1, M. Fraise fera lui aussi l'ascenseur entre la Ligue 1 et la Ligue 2. Preuve qu'il n'avait vraiment pas le niveau et son nom reste gravé dans les mémoires des supporters Canaris. Pour l'occasion, à la fin de la rencontre, Canal+ organise un débat sur la pelouse de Marcel Picot. M. Fraise ne revient pas sur sa décision, Lièvre ne décolère pas. Surtout, Raynald Denoueix garde son calme et préfère les sous-entendus pour qualifier cet arbitrage inconséquent. Le FC Nantes c'est évidemment aussi l'attitude calme et posée de son entraîneur, bien loin de ce quon peut imaginer d'un Vahid Halilhodzic ou d'un Guy Lacombe, mais aussi d'un Jean-Michel Aulas ou d'un Guy Roux dans de telles circonstances. On préférera ne rien dire de l'attitude des Nancéens, de Bolony et de son président sur le coup... A la fin de la saison, ils descendront et on ne le regrettera pas.

Vahirua, Landreau, les supporters, sauvent Nantes au Havre. Nancy descend...
Lors de l'ultime journée cinq équipes Nancy, Rennes, Nantes, Marseille et Troyes luteront pour éviter la dernière place de relégable. Aucune de ces équipes ne perdra sa rencontre et c'est finalement Nancy qui accompagnera Montpellier et Le Havre en L2, Marseille ne se sauvera qu'au bénéfice du goal-average, tandis que Nantes, poussé par de nombreux supporters qui ont fait le déplacement, obtiendra son maintien au Havre sur un but de Vahirua, mais aussi grâce à une extraordinaire parade de Landreau sur une frappe de Gravelaine. Tout autre résultat qu'une victoire condamnait les Canaris... Vahirua comme Mamadou Diallo plus tard, resteront les individualités qui ont sauvé le club lors d'une ultime rencontre.

(*) avec F.P.