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1961-62 : Thadée Cisowski avait joué à Nantes
(Petites et Grandes Histoires du FCN #12)
 
José Arribas
Le grand Thadée Cisowski
 

Thadée Cisowski était né le 16 février 1927 à Lazki (Pologne). Il a marqué 206 buts en 286 matches de championnat.. Il est décédé des suites d'une longue maladie jeudi 24 février à 78 ans. Il a porté les couleurs du FC Nantes, alors en division 2, à la fin de sa carrière durant la saison 1961-62.
Ni la carrière ni la vie de Thadée Cisowski n’ont été franchement heureuses. Parce que le bonheur ne s’écrit pas au rythme des montagnes russes et que les creux sont encore plus creux quand on a tutoyé les sommets et la solitude encore plus aride lorsqu’on a cru posséder beaucoup d’amis et qu’on les voit s’enfuir au moment où on a besoin d’eux.
(B.V.)

     


Il avait échappé à la mine

L’histoire pourtant aurait pu relever du roman à l’eau de rose. Thadée Cisoswki, fils d’un exilé polonais, aurait été irrémédiablement destiné à l’extraction du charbon et à la silicose si le football ne l’avait sorti du puits. Chaque dimanche après-midi il se postait à la pointe de l’attaque de l’équipe de Piennes, une cité de la Lorraine industrielle, et ses buts illuminaient la vie de ses frères de travail, comme autant de rayons de soleil qui leur faisaient brièvement oublier que le lendemain, à l’aube, la musette et le cœur en bandoulière, il leur faudrait descendre se noircir le corps au fond de la mine ou aller se rougir la peau au feu rougeoyant des hauts-fourneaux.
Ciso, comme on l’appelait déjà, alla jusqu’à expédier vingt ballons dans les filets au cours d’un seul match. Sa formidable adresse finit par attirer l’attention des recruteurs du FC Metz et c’est sur la pelouse de Saint-Symphorien qu’à partir de 1947, il continua à se prendre pour une mitraillette. Son allure était frêle mais il ne redoutait aucun choc, aucun adversaire et plus il encaissait de coups, plus courageusement il repartait à l’assaut. Il paya cher, près de quarante fractures dont trois des jambes, cette indomptable témérité qui le poussait à se montrer sans cesse plus intrépide, plus brave.

Trois fois meilleur buteur
Brave, il l’était dans tous les sens du terme et en cette époque où aucun imprésario ne se présentait pour défendre les intérêts des joueurs, les dirigeants usèrent et abusèrent de lui. Les supporters aussi, parfois. Les premiers ne le payèrent jamais au juste prix de sa redoutable efficacité. Les seconds comprirent vite qu’il avait l’âme généreuse et qu’il ne savait pas dire non quand on lui demandait un service, un peu d’argent ou une tournée à remettre au coin d’un bar.
Vendu au Racing Club de Paris, en 1952, il devint la coqueluche de l’ancien Parc des Princes. Il forma avec le fantasque Joseph Ujlacki un tandem à l’extraordinaire complémentarité. Ujlacki préparait les coups, Cisowski les concluait. Il remporta trois fois la couronne de meilleur buteur du championnat en 1956, 1957 et 1959. A chaque fois avec plus de 30 buts. Le 11 novembre 1956, dans un match éliminatoire de Coupe du monde, il marqua 5 fois contre la Belgique. Il ne fut pourtant sélectionné qu’à 13 reprises en équipe de France, victime de ses blessures et aussi des talents d’un autre avant-centre hors-normes, Justo Fontaine.

A Nantes, Cisowski habitait une petite maison disposant d'un jardin qu'il se plaisait à entretenir. Imagine-t-on une star actuelle du ballon cultivant ses salades ?

A Nantes en octobre 1961
Mais ses jambes, martelées par les coups, finirent par demander grâce. Le Racing ne fit pas de sentiments, il le brada à Valenciennes. Là, comme il était en panne d’efficacité, Ciso fut mis au tarif minimum. 35.000 anciens francs par mois. Il se rebella dans les colonnes d’un magazine. « C’est l’enfer, je veux partir ! »

Jean Clerfeuille, alors président du FC Nantes, tomba sur l’article. Il cherchait un avant-centre pour tenter de monter en D1, il le fit venir sur les bords de la Loire, en octobre 1961. Il le paya honnêtement et Cisowski recommença à marquer quelques buts. Un ressort pourtant s’était cassé au plus profond de lui-même et ses jambes, sa vitesse et son coup de reins s’étaient émoussés. Son organisme fatigué demandait grâce, un peu plus à chaque match

Huit mois après son arrivée à Nantes, lequel n’était pas monté, l’évidence le rattrapa : il lui fallait abandonner le professionnalisme. On était en juin 1962, il avait 35 ans. Il alla d’abord à Cholet, où on lui offrit un bar, ce qui n’était pas forcément la meilleure idée, et puis, doucement mais hélas sûrement, il glissa sur la pente de la désespérance. Les journalistes suivirent un temps sa trace, elle les emmena jusqu’à une maison de repos en Bourgogne. Il se refit une petite santé en devenant moniteur de gym à Mâcon. On l’oublia progressivement et comme il ne demandait rien, bien qu’il eut beaucoup donné pendant l’été de sa vie, il entra pratiquement seul dans l’hiver d’une existence qui, s’il avait été footballeur quarante ans plus tard, eut sans doute été riche, radieuse et luxueuse. La nouvelle de sa mort, la semaine dernière, à 78 ans, a surpris jusqu’à ses anciens compagnons de stade. Beaucoup pensaient qu’il était déjà parti, sans rien dire. D’ailleurs, samedi soir, le speaker de la Beaujoire n’a même pas eu un mot, pas un seul, pour honorer sa mémoire.

(B.V.)

Sa fiche (source L'Equipe)
Né le 16 février 1927 à Laskiv (Pologne).
1,75 m, 73 kg.
Clubs : FC Metz (1947-52), RC Paris (1952-60), US Valenciennes (1960-61), FC Nantes (1961-62).

Palmarès
Trois fois meilleur buteur du Championnat de France avec le Racing, en 1956 (31 buts), 1957 (33 buts) et 1959 (30 buts),
deuxième en 1960 (27 buts).
Meilleur buteur de D2 avec Metz en 1951 (23 buts).
13 sélections, 11 buts de 1951 à 1958.

Carrière internationale
1
FC Metz
01/11/1951
Colombes France et Autriche
2 - 2
   
2
RC Paris
05/10/1952
Prater France bat RF Allemagne
3 - 1
1 but  
3
RC Paris
19/10/1952
Colombes France bat Autriche
2 - 1
   
4
RC Paris
11/11/1952
Colombes France bat Irlande du Nord
3 - 1
   
5
RC Paris
11/04/1954
Colombes Italie bat France
3 - 1
   
6
RC Paris
07/10/1956
Colombes Hongrie bat France
2 - 1
1 but  
7
RC Paris
21/10/1956
Colombes France bat URSS
2 - 1
   
8
RC Paris
11/11/1956
Colombes France bat Belgique
6 - 3
5 buts ECM
9
RC Paris
24/03/1957
Lisbonne France bat Portugal
1 - 0
   
10
RC Paris
01/09/1957
Reykjavik France bat Islande
5 - 1
2 buts ECM
11
RC Paris
01/10/1958
Parc France bat Grèce
7 - 1
2 buts ECEN
12
RC Paris
05/10/1958
Prater France bat Autriche
2 - 1
   
13
RC Paris
26/10/1958
Colombes France et RF Allemagne
2 - 2
   

Ses matches, ses buts
1947-48
FC Metz 1ère division 4 3
1948-49
FC Metz 1ère division 33 15
1949-50
FC Metz 1ère division 32 17
1950-51
FC Metz 2ème division 30 23
1951-52
FC Metz 1ère division 17 11
1952-53
RC Paris 1ère division 30 13
1953-54
RC Paris 2ème division 34 34
1954-55
RC Paris 1ère division 14 9
1955-56
RC Paris 1ère division 29 31
1956-57
RC Paris 1ère division 28 33
1957-58
RC Paris 1ère division 14 9
1958-59
RC Paris 1ère division 29 30
1959-60
RC Paris 1ère division 28 27
1960-61
Valenciennes 1ère division 28 9
1961-62
FC Nantes 2ème division 19 8


(B.V., le 2 mars 2005)

  Histoires du FC Nantes :

- #21 : Henri Michel : Quiconque a aimé un jour le jeu à la Nantaise… (27/08/18)
- #20 : François Thébaud était un partisan du jeu à la nantaise (03/08/08)
- #19 : Oscar Muller : le foot c'était sa vie. (07/09/05)
- #18 : 2001-02 : Sochaux / Nantes - Quand Devineau était héros. (20/05/05)
- #17 : 1979-80 : Nantes / Lille - le bonjour de José Arribas. (13/05/05)
- #16 : 1978-79 : Nantes / Nice - le triomphe inutile. (06/05/05)
- #15 : 2000-01 : Bordeaux /Nantes - une victoire en 23 ans. (15/04/05)
- #14 : 1984-85 : Vol à Auxerre, la main de Roger Boli (02/04/05)
- #13 : 1997-98 : Victoire sur le fil à Paris (05/03/05)
- #12 : 1961-62 : Thadée Cisowski avait joué à Nantes (02/03/05)
- #11 : 1959-60 : Mémorable carton à Boulogne (01/03/05)
- #10 : 1965-66 : Rue de Strasbourg ? Non : rue Ramon Muller (25/02/05)
- #9 : 1957-58 : Le match le plus long (12/02/05)
- #8 : 1965 : Premier sacre contre Monaco (03/02/05)
- #7 : 1979 : Nantes gagne sa première coupe ! (24/01/05)
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- #5 : Nantes / Bastia : Au bon souvenir de Mickaël. (11/01/05)
- #4 : Quand les joueurs sauvaient Arribas (30/12/04)
- #3 : 1963 : Nantes bat Sochaux et monte en D1. (16/12/04)
- #2 : La trahison de Ramon. (04/11/04)
- #1 : Joies et Peines (Gondet et Éon). (28/10/04)


Cette rubrique s'ouvre aux souvenirs, à ces pages qui sont restées dans les mémoires et qui ont fait l'histoire du FC Nantes. Un témoignage d'une autre époque qu'il est bon de rappeler. Pour que le témoin passe de générations en générations, les lecteurs de FCNantes.com peuvent contribuer à enrichir ces belles pages de leurs témoignages en nous écrivant. De la simple anecdote aux souvenirs de grands matchs ou de grands joueurs, n'hésitez pas à participer à cette lucarne ouverte sur le passé glorieux de notre club.


 

 

 
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