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1965 : Premier sacre contre Monaco
(Petites et Grandes Histoires du FCN #8)
 
Jacky Simon
Jacky Simon ouvre la voie du premier titre contre Monaco.
 

Nantes - Monaco est évidemment un classique du championnat. Les Canaris ont remporté 8 titres, les Azuréens 7. En 1978, les deux clubs se trouvèrent même directement à la lutte et Monaco, qui venait alors de remonter en D1, fut sacré champion avec un tout petit point d’avance sur Nantes. Le FCN avait enlevé son premier titre 13 ans plus tôt, en 1965. Et le dernier match, celui du sacre, l’avait opposé, le 30 mai, à Monaco sur la pelouse de Marcel-Saupin. Nantes qui abordait la partie avec un point d’avance sur Bordeaux devait gagner. Il remplit son contrat 2-1 et ce succès provoqua des scènes de liesse dans toute la ville. Le triomphe nantais fut aussi celui du football offensif car à l’époque une véritable guerre idéologique faisait rage en France. D’un côté, les partisans du béton, le fameux catenaccio prôné par Helenio Herrera et les Italiens. De l’autre, les fervents du jeu offensif, imaginatif et construit dont José Arribas était l’un des fervents apôtres. (B.V.)

     


Qui sera champion de France à la fin de la saison ? Quand, durant l’été 1964, ils se sont livrés à l’habituel jeu de pronostics dont la principale utilité consiste à remplir leurs colonnes, les journaux n’ont jamais cité le FC Nantes. Pensez, le FCN est monté en Division 1 pour la première fois de son histoire tout juste un an auparavant, il n’a aucun palmarès et si beaucoup s’accordent pour reconnaître qu’il pratique un football de qualité, ils sont nombreux à
prétendre que cette caractéristique ne suffit pas pour remporter un titre. Plaire oui, gagner non.

Guerre de religions
Il est vrai qu’à cette époque le football français s’engage dans une «guerre de religions » où les partisans des différents styles de jeu vont s’affronter farouchement. Il y a d’un côté « les réalistes », ceux qui professent que le foot est d’abord un combat et une affaire d’engagement physique. Ils prêchent pour les paroisses de Bordeaux, de Lyon, de Strasbourg et les journalistes qui véhiculent ces idées appartiennent pour la plupart au groupe de presse formé par « L’Equipe ». Leur leader est Jacques Ferran, éditorialiste renommé mais considéré comme proche des pouvoirs dirigeants. Ils doivent faire face à leurs collègues de « Miroir Sprint » et du « Miroir du Football », « les progressistes » qui, inspirés par la plume brillante et les idées anti-conformistes de François Thébaud, estiment, eux, que le foot confine à l’art, qu’il doit être synonyme de panache, d’offensive, de créativité. Et s’appuyer sur l’intelligence plutôt que sur la force, la liberté d’expression de préférence aux consignes contraignantes.

Les idées se télescopent

Evidemment les « progressistes » se sont rapprochés de José Arribas, lequel s’applique patiemment à inculquer les mêmes principes à ses joueurs. Rennes et Valenciennes sont les autres représentants du football d’attaque. Très vite, les querelles se schématisent. On parle des « destructeurs », ceux qui pensent d’abord à empêcher les adversaires de jouer et louangent le résultat, quelle que soit la manière utilisée pour l’obtenir, fussent-elles contraires à l’esprit sportif. Et des «constructeurs », ceux qui vantent les mérites d’un football permettant à chaque joueur d’exprimer au mieux ses qualités individuelles et de les mettre au service de la collectivité, afin de rendre celle-ci meilleure. Les idées se télescopent ainsi à la fois sur les pelouses et dans les pages des journaux.

Nantes conjugue spectacle et résultats
Les amateurs de beau jeu se pourlèchent les babines en voyant Nantes confondre les pronostiqueurs et concilier avec brio le spectacle et les résultats. Jacques Ferran qui croyait cette conjugaison impossible - alors qu’elle n’est que logique - y perd ses cheveux et ses acolytes s’emmêlent dans les touches de leurs machines à écrire. Les Canaris prennent la tête du championnat une première fois au soir de la 6è journée, après une victoire sur Angers 2-1, buts de Ramon Muller et de Jacky Simon. Ils se maintiennent ensuite dans le groupe des leaders, en compagnie de Bordeaux, Valenciennes et Rennes. A deux journées de la fin, Nantes et les Girondins se retrouvent à égalité. Valenciennes suit à un point. Le calendrier propose alors un explosif Valenciennes – Bordeaux tandis que Nantes est invité à se rendre à Toulon, un terrain où les crampons, souvent, volent haut.

Nantes-champion, crie le public de Valenciennes
Au stade Nungesser, le match est bloqué. Les Girondins se massent en défense et multiplient les gestes d’anti-jeu. Visiblement, ils cherchent le 0-0. Les locaux butent sur leur béton sans parvenir à trouver la moindre faille. Alors, il se produit une réaction incroyable de la part du public nordiste. Il se met à scander « Nantes champion ! Nantes champion ! »

« Ah ! On reste ex-aequo alors… »
Nantes qui joue à 1000 kilomètres de là… Et qui lui aussi éprouve des difficultés face à la défense varoise. A 10 minutes de la fin, Gilbert Le Chénadec, victime d’un rude choc avec un adversaire plus ou moins bien intentionné, est groggy. Il se relève et reprend la partie, à demi-inconscient. Il ne joue plus que les utilités mais cet handicap n’empêche pas Nantes de marquer enfin, à la 86è minute, par Jacky Simon. « Qu’est-ce qu’ont fait Valenciennes et Bordeaux ? » interroge ensuite Le Chénadec, dans le vestiaire. « 0-0 », lui répond-on. « Ah ! On reste ex-aequo alors… » calcule le solide Morbihannais. Encore à moitié dans le brouillard, il n’a pas vu le but de Simon et ses coéquipiers éprouvent beaucoup de mal pour le persuader qu’en réalité Nantes a gagné. « Vous me racontez des bobards, » leur répète-t-il, incrédule.

2-0 en 14 minutes
Ce succès permet aux Canaris de prendre les commandes avec un point d’avance sur Bordeaux et deux sur Valenciennes. Mais il reste un match. Contre Monaco, à Marcel-Saupin. La partie s’annonce difficile car l’équipe de la Principauté est redoutable : elle a réalise lé doublé deux ans plus tôt et elle aligne plusieurs joueurs de renom tels les internationaux Yvon Douis, Théo, Cossou, Artelesa, Michel Hidalgo.…Evidemment, les 20.000 places que contient alors le stade du quartier de Malakoff sont prises d’assaut. Nantes attaque d’entrée et Jacky Simon ouvre le score dès la 9è minute. « Ramon Muller m’a passé le ballon, raconte-t-il. J’étais à près de 30 mètres du but mais j’ai levé la tête et j’ai vu que le gardien était avancé. Alors, j’ai tenté ma chance, d’un tir dans la foulée. » Hernandez, le goal azuréen, est lobé, le ballon passe au ras du poteau gauche et pénètre dans les filets. Cinq minutes plus tard, Ramon Muller décoche une superbe reprise de volée. Lucarne ! Nantes mène 2-0.
Le titre est presque dans la poche. Pourtant, en seconde période, les Canaris perdent de leur superbe. Ils sont près de la consécration et, insensiblement, ils se crispent. Les Monégasques se montrent dangereux, Daniel Eon doit effectuer plusieurs sauvetages délicats. Le public s’inquiète, José Arribas aussi. Sur son banc, il n’arrête pas de jeter des regards furtifs sur sa montre, tout en tirant nerveusement sur sa cigarette. A la 89è minute, Bailet ramène la marque à 2-1. Aie !

Scènes d’allégresse
Ce but jette un coup de froid. La libération, quelques secondes plus tard, n’en est que plus vive. A peine le coup de sifflet est-il donné que les joueurs se précipitent sur Arribas pour le porter en triomphe au milieu des spectateurs qui ont envahi la pelouse. Les scènes d’allégresse se multiplient et elles se propagent vite du stade au centre de la ville. Les Canaris prennent place dans des voitures décapotables qui sillonnent les rues et les conduisent jusqu’au siège de « Presse-Océan ». La foule se masse devant l’immeuble et les acclame tandis qu’ils apparaissent au balcon. Les Blanchet, Gondet, Eon, Suaudeau, Simon, Le Chénadec, Budzynski savourent l’un des plus enivrants moments de leur carrière. Tandis qu’ils répondent aux acclamations, les vendeurs du journal apparaissent avec en mains une édition spéciale qui vient juste de sortir des rotatives.
Les partisans du beau jeu viennent de remporter une belle victoire et le « Miroir du Football » va lui aussi célébrer l’événement comme il se mérite. Dans les colonnes de « L’Equipe », on se montrera moins enthousiaste. Et pour la saison suivante, au moment d’établir la liste des favoris, on n’oubliera plus le FC Nantes.

De gauche à droite. Debout : Jort, Bout, Suaudeau, Le Chénadec, Rault, Eon. Accroupis : Couronne, Guillot, Blanchet, Simon, Boukhalfa.

Le 30 mai 1965
A Nantes : FC Nantes bat AS Monaco 2-1.
Pour Nantes : Simon (9è), Ramon Muller (14è). Pour Monaco : Bailet (89è).
20.092 spectateurs. Arbitre : M. Faucheux.
Nantes : Eon - Bout, Budzynski, Le Chenadec, Jort - Suaudeau, Ramon Muller - Blanchet, Gondet, Simon, Guillot.
Monaco : Hernandez - Forcherio, Artelesa, Novak - Hidalgo, Casolari - Djibrill, Bailet, Douis, Théo, Cossou.

(B.V., le 3 février 2005)

  Histoires du FC Nantes :

- #21 : Henri Michel : Quiconque a aimé un jour le jeu à la Nantaise… (27/08/18)
- #20 : François Thébaud était un partisan du jeu à la nantaise (03/08/08)
- #19 : Oscar Muller : le foot c'était sa vie. (07/09/05)
- #18 : 2001-02 : Sochaux / Nantes - Quand Devineau était héros. (20/05/05)
- #17 : 1979-80 : Nantes / Lille - le bonjour de José Arribas. (13/05/05)
- #16 : 1978-79 : Nantes / Nice - le triomphe inutile. (06/05/05)
- #15 : 2000-01 : Bordeaux /Nantes - une victoire en 23 ans. (15/04/05)
- #14 : 1984-85 : Vol à Auxerre, la main de Roger Boli (02/04/05)
- #13 : 1997-98 : Victoire sur le fil à Paris (05/03/05)
- #12 : 1961-62 : Thadée Cisowski avait joué à Nantes (02/03/05)
- #11 : 1959-60 : Mémorable carton à Boulogne (01/03/05)
- #10 : 1965-66 : Rue de Strasbourg ? Non : rue Ramon Muller (25/02/05)
- #9 : 1957-58 : Le match le plus long (12/02/05)
- #8 : 1965 : Premier sacre contre Monaco (03/02/05)
- #7 : 1979 : Nantes gagne sa première coupe ! (24/01/05)
- #6 : Larmes et rires à Toulouse. (21/01/05)
- #5 : Nantes / Bastia : Au bon souvenir de Mickaël. (11/01/05)
- #4 : Quand les joueurs sauvaient Arribas (30/12/04)
- #3 : 1963 : Nantes bat Sochaux et monte en D1. (16/12/04)
- #2 : La trahison de Ramon. (04/11/04)
- #1 : Joies et Peines (Gondet et Éon). (28/10/04)


Cette rubrique s'ouvre aux souvenirs, à ces pages qui sont restées dans les mémoires et qui ont fait l'histoire du FC Nantes. Un témoignage d'une autre époque qu'il est bon de rappeler. Pour que le témoin passe de générations en générations, les lecteurs de FCNantes.com peuvent contribuer à enrichir ces belles pages de leurs témoignages en nous écrivant. De la simple anecdote aux souvenirs de grands matchs ou de grands joueurs, n'hésitez pas à participer à cette lucarne ouverte sur le passé glorieux de notre club.


 

 

 
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