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1984-85 : Vol à Auxerre - La main de Roger Boli.
(Petites et Grandes Histoires du FCN #14)
 
José Touré et Basile Boli
 

Les matches à Auxerre prennent parfois une saveur particulière. Les Bourguignons, leur entraîneur en tête, n’hésitent pas en effet à utiliser toutes les ficelles possibles et imaginables pour tenter de s’imposer. Cela commença longtemps par les bancs de touche. Celui de l’entraîneur visiteur était davantage enfoncé dans le sol afin que le technicien voit moins bien le jeu. Les arbitres y sont volontiers mis sous pression, même si Guy Roux assure qu’il ne va plus leur “parler” avant le coup d’envoi. Vous remarquerez aussi que lorsqu’Auxerre rend un ballon mis en touche volontairement par l’adversaire, en cas de blessure, il l’expédie généralement, comme par maladresse, tout près du poteau de corner. Parfois même il ne le rend pas, Da Rocha en sait quelque chose.

Quant à l’Ajax d’Amsterdam, il s’est récemment aperçu qu’il vaut mieux ne pas changer un joueur sur un corner défensif. Le remplaçant était à peine entré sur le terrain, il n’avait en tout cas pas encore rejoint sa place en défense, que le corner était déjà tiré. Avec le but de la qualification bourguignonne à la clef. Retour sur un Nantes - Auxerre tortueux et folklorique en février 1985. (B.V.)


Un déplacement à Auxerre constitue rarement une partie de plaisir, surtout pour une équipe comme Nantes qui, pour s’imposer, fait davantage confiance à la technique, la finesse et la fluidité de son jeu qu’au défi athlétique et à la percussion dans les duels. On parle évidemment du Nantes traditionnel, pas de celui de cette saison.

Auxerre est une équipe à l’image de son entraîneur : roublarde, obstinée, ne laissant aucun répit à son adversaire et prompte à bondir sur la moindre opportunité pour dévorer les marrons qu’elle laisse les autres tirer du feu, en espérant qu’ils vont se brûler.

Nantes talonne Bordeaux.
Au début des années 1980, alors que l’AJA était encore une jeune pensionnaire de la D1 qu’elle avait découverte quatre ans plus tôt, c’était encore plus vrai qu’aujourd’hui. Les Bourguignons étaient des adeptes d’un marquage individuel serré, qu’ils exerçaient sur tous les joueurs et sur chaque mètre carré de terrain. Nantes, lui, jouait à la nantaise, Jean-Claude Suaudeau aurait difficilement toléré qu’il en aille différemment. Champion de France rayonnant en 1983, il avait terminé 6è la saison suivante et en février 1985 il espérait encore reconquérir son titre, en tout cas il menait ardemment la chasse derrière Bordeaux qui le précédait de trois longueurs.
  Guy Roux et Joël Bats

Nantes rarement à l’aise à l'Abbé-Deschamps
Autant dire que le voyage à Auxerre avait été préparé avec soin, le coach nantais sachant mieux que personne que son équipe n’était jamais très à l’aise face aux trublions bourguignons. Depuis 1979 et la finale de la Coupe de France laborieusement gagnée par les Canaris, la rivalité entre les deux clubs s’accroissait à chacun de leur affrontement, elle avait même rebondi quand les Auxerrois étaient venus l’emporter à Marcel-Saupin, 1-0, but de Patrick Rémy qui avait mis fin à quatre ans d’invincibilité des Nantais à domicile.

De plus, les animosités s’étaient développées entre quelques joueurs, Basile Boli, encore jeune mais déjà musclé, était ainsi passé expert dans l’art de museler Halilhodzic. Il avait compris que plus il recourait aux moyens illicites plus il augmentait ses chances de le voir s’énerver et multiplier les maladresses. Boli ira un jour jusqu’à prétendre qu’au cours d’un duel aérien avec Halihodzic c’est lui qui avait marqué de la tête contre son camp. Cela afin que le compteur but de l’attaquant nantais soit amputé d’une unité.

Fabrice Poullain et Didier Danio  
La main de Roger Boli
C’est dire si, malgré le froid glacial ambiant, la température était chaude ce soir-là, à l’Abbé-Deschamps et Guy Roux n’hésitait pas à la faire monter de quelques crans. On le vit par exemple pénétrer sur le terrain pour protester contre une décision de l’arbitre, M. Biguet, et exhorter le public à clamer lui aussi sa véhémence. Suaudeau n’avait pas caché son irritation en constatant une telle attitude, comme s’il devinait que l’arbitre allait finir par se laisser influencer ou par craquer. Il n’en reste pas moins que les forces en présence se neutralisaient. Nantes ne parvenait pas à développer son football et les contres auxerrois n’inquiétaient pas vraiment Bertrand-Demanes.

On s’acheminait donc vers un bon vieux 0-0, un peu décevant mais finalement pas très illogique, lorsque se produisit le coup de théâtre qui décida du sort de la rencontre. Il restait quatre minutes à jouer et Nantes concéda un corner. Presque tous les Canaris se replièrent afin d’éviter un désagrément de dernière seconde et c’est donc dans un véritable paquet de joueurs que Perdrieau expédia le ballon. Bertrand-Demanes semblait devoir s’en emparer assez aisément, mais il le relâcha, et il se produisit une mêlée au cours de laquelle Roger Boli l’expédia prestement au fond des filets. De la main !

« Sa tête n’est jamais loin de sa main »
L’ennui est que le pauvre Biguet, soit parce qu’il était aveugle, soit parce qu’il commençait à avoir peur, valida le but. Les Canaris protestèrent. En vain. Evidemment, on n’entendait plus Guy Roux.
Nantes perdit ainsi 1-0 et comme dans le même temps Bordeaux était allé gagner à Marseille, 1-0, les Girondins portèrent leur avance à cinq points. Le handicap était presque irrémédiable.
C’est dire si dans le vestiaire nantais, les mines étaient renfrognées et la colère de Suaudeau de moins en moins rentrée. D’autant que Roger Boli avait fini par admettre l’évidence : “Oui, j’ai marqué de la main”, reconnaissait-il. Le coach auxerrois, lui, se complut longtemps à nier la tricherie et à essayer de sauver les apparences : “Vous savez, Roger a une façon de courir, de se déplacer et de faire des têtes qui font que sa tête n’est jamais loin de sa main”. C’était d’une savoureuse mauvaise foi. Guy Roux ajoutait, cherchant à faire dévier les responsabilités : “Mais je voudrais surtout condamner l’attitude de Bertrand-Demanes. A la fin du match, il voulait me casser la figure, eh bien il ferait mieux de changer la marque de ses gants. S’il veut, je peux lui donner une bonne adresse.”

José Touré et Roger Boli

La colère de Suaudeau
Plus il en entendait et moins Suaudeau était à prendre avec des pincettes. “Nous nous sommes déjà fait voler il y a quinze jours à Bastia, où nous avions également perdu 1-0, cela commence à faire beaucoup. A faire trop en fait...” Un journaliste auxerrois voulut jouer les naïfs et il lui présenta benoîtement l’interrogation suivante : “Que pensez-vous de l’arbitre ?” Le coach nantais le fusilla de son regard noir : “Monsieur, je crois que vous vous trompez de vestiaire. Ce genre de questions, allez les poser en face. Vous verrez : on vous dira beaucoup de bien des arbitres qui officient ici...” Le ton suaudien montait et quand un autre journaliste poussa la porte du vestiaire, Coco le toisa du plus haut qu’il put et il asséna, le ton cassant, une remarque qui laissa l’autre pantois : “Monsieur, vous pourriez être poli : moi, quand j’entre dans une pièce, j’ôte mon chapeau”. C’était assez risible mais on vous prie de croire que personne ne moufta, tout le monde ayant compris que ce n’était surtout pas le moment.
M. Biguet, pour sa part, resta invisible. Sans doute ne se sentait-il pas très fier de lui. A la fin de la saison, Nantes termina 2è du championnat, trois points derrière Bordeaux.

N’Doram, Da Rocha...
Depuis, les Canaris ont eu d’autres occasions d’apprécier le “fair play” bourguignon, on pense entre autres à une demi-finale de Coupe de France (1994) où ils se virent refuser un but égalisateur en toute fin de match pour un hors-jeu contestable (N’Doram se faisant en outre expulser) et au fameux but marqué il y a trois ans par Gonzalès, alors que les Canaris venaient d’expédier le ballon en touche parce que Da Rocha était blessé. “Nous ne nous en étions pas rendus compte,” prétendit Guy Roux, alors qu’il avait eu le visage ensanglanté de Da Roche sous les yeux...
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B.V. (photos de l'excellent site Histoire de l'AJ Auxerre)


La fiche technique
26è journée de championnat, le 23 février 1985
A Auxerre : Auxerre bat Nantes 1-0.
But de Roger Boli (86?).
12.000 spectateurs. Arbitre : Biguet.
Auxerre : Bats - Charles, Basile Boli, Janas, Barret - Fiard, Géraldès, Perdriau - Danio, Garande, Szarmach (puis Roger Boli, 9è).
Nantes : Bertrand-Demanes - Bibard, Derzakarian, Bossis, Ayache - Poullain, Baronchelli, Touré - Morice, Halilhodzic, Amisse.

(B.V., le 2 avril 2005)

  Histoires du FC Nantes :

- #21 : Henri Michel : Quiconque a aimé un jour le jeu à la Nantaise… (27/08/18)
- #20 : François Thébaud était un partisan du jeu à la nantaise (03/08/08)
- #19 : Oscar Muller : le foot c'était sa vie. (07/09/05)
- #18 : 2001-02 : Sochaux / Nantes - Quand Devineau était héros. (20/05/05)
- #17 : 1979-80 : Nantes / Lille - le bonjour de José Arribas. (13/05/05)
- #16 : 1978-79 : Nantes / Nice - le triomphe inutile. (06/05/05)
- #15 : 2000-01 : Bordeaux /Nantes - une victoire en 23 ans. (15/04/05)
- #14 : 1984-85 : Vol à Auxerre, la main de Roger Boli (02/04/05)
- #13 : 1997-98 : Victoire sur le fil à Paris (05/03/05)
- #12 : 1961-62 : Thadée Cisowski avait joué à Nantes (02/03/05)
- #11 : 1959-60 : Mémorable carton à Boulogne (01/03/05)
- #10 : 1965-66 : Rue de Strasbourg ? Non : rue Ramon Muller (25/02/05)
- #9 : 1957-58 : Le match le plus long (12/02/05)
- #8 : 1965 : Premier sacre contre Monaco (03/02/05)
- #7 : 1979 : Nantes gagne sa première coupe ! (24/01/05)
- #6 : Larmes et rires à Toulouse. (21/01/05)
- #5 : Nantes / Bastia : Au bon souvenir de Mickaël. (11/01/05)
- #4 : Quand les joueurs sauvaient Arribas (30/12/04)
- #3 : 1963 : Nantes bat Sochaux et monte en D1. (16/12/04)
- #2 : La trahison de Ramon. (04/11/04)
- #1 : Joies et Peines (Gondet et Éon). (28/10/04)


Cette rubrique s'ouvre aux souvenirs, à ces pages qui sont restées dans les mémoires et qui ont fait l'histoire du FC Nantes. Un témoignage d'une autre époque qu'il est bon de rappeler. Pour que le témoin passe de générations en générations, les lecteurs de FCNantes.com peuvent contribuer à enrichir ces belles pages de leurs témoignages en nous écrivant. De la simple anecdote aux souvenirs de grands matchs ou de grands joueurs, n'hésitez pas à participer à cette lucarne ouverte sur le passé glorieux de notre club.


 

 

 
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